Le sommelier Eric Boschman fait le point sur le vin et les vignobles belges
Il faut bien reconnaître que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Le réchauffement climatique est très positif pour la viticulture en Belgique.
« On a pris un peu moins d’un degré sur les vingt dernières années, en moyenne, ce qui correspond à une remontée des cultures de 200 kilomètres vers le nord. Or, à 200 km au sud de la Wallonie, à vol d’oiseau, vous êtes en pleine Champagne, dans les meilleurs terroirs. Alors, ce n’est pas parce que le climat est bon que le sol est bon, évidemment. Mais il faut savoir qu’un travail de fond est fait par énormément d’investisseurs depuis une vingtaine d’années en Belgique et que cela commence à porter ses fruits à une échelle viable économiquement. »
On peut dire aujourd’hui que le vin belge n’est plus quelque chose d’anecdotique. On assiste effectivement à l’émergence d’un vin belge, un phénomène que les grandes surfaces n’ont pas manqué, ce qui montre bien qu’il y a un approvisionnement suffisant pour 300 ou 400 points de vente. Même si on est encore loin des grandes propriétés que l’on peut trouver chez nos voisins, comme la France ou l’Allemagne, voire le Luxembourg, on a franchi une étape.
Des ‘folkloristes’ aux investisseurs
Eric Boschman relève trois étapes dans ce renouveau des vins belges :
- Il y a eu les folkloristes, ceux qui ont maintenu la petite lumière de l’espoir allumée sur l’autel de l’hédonisme.
- Ensuite, ceux qui se sont lancés par passion, qui ont commencé par planter deux cents pieds de vigne dans leur jardin puis l’ont agrandi à deux ou trois hectares, avec une rentabilité toute relative, voire impossible.
- Puis les gros investisseurs qui se sont lancés avec des moyens très importants, en particulier en Wallonie. Il faut savoir que l’investissement est colossal en matière de viticulture, quand on part de rien, d’autant plus que dans les trois premières années, on ne récolte rien. On chiffre vite au-delà du million, même pour quelques hectares.
« Comme les banques ne suivent pas, on a de l’investissement privé, du crowfunding, des gens qui diversifient leur fortune, des agriculteurs qui changent d’option, comme ceux qui, depuis que le marché russe s’est effondré, passent de la pomme à la vigne. »
Par rapport à la pomme, les producteurs de raisin ont l’avantage de maîtriser entièrement la culture, la transformation et même la mise sur le marché, ce qui permet une meilleure gestion des coûts et de la rentabilité.
Aujourd’hui, on est en-dessous des 300 hectares plantés en Wallonie, ce qui est encore peu, mais l’évolution est d’une rapidité foudroyante.
Les Vignerons de Wallonie
Les vignerons wallons sont très solidaires, s’entraident, s’échangent énormément d’informations, via whatsapp. On peut d’ailleurs s’abonner à leur newsletter, sur leur site Vignerons de Wallonie.
Eric Boschman recommande par exemple, parmi bien d’autres, la coopérative ‘Le Vin de Liège’, du côté d’Heure-le-Romain, là où la vallée de la Meuse devient hollandaise, et où le climat est très favorable à la vigne.
Namur est le centre névralgique historique de la viticulture wallonne. On y travaille aussi sur des interspécifiques, des vignes de nouvelle génération qui demandent très peu de produits phytosanitaires. Les goûts des vins sont un peu différents, mais on s’y adapte comme on s’est adapté aux vins grecs.
Les grands domaines de la viticulture wallonne comme le Château de Bioul développent par ailleurs un concept d’oenotourisme très attractif et cohérent.
Plus d’infos sur le site Vignerons de Wallonie.
Ecoutez Eric Boschman ici, dans Tendances Première.
Et retrouvez ses coups de coeur gustatifs
sur son site ericboschman.be