Pionniers de la viticulture wallonne, les trois hommes viennent de céder le vignoble qu’ils lançaient en 1993. Objectif? Pérenniser le domaine.
En 1993, Pierre Rion, Etienne Rigo et François Vercheval mettaient sur pied l’un des premiers vignobles wallons contemporains. Un acte quasi militant qui allait ouvrir la voie au renouveau de la viticulture dans nos contrées.
Aujourd’hui, leur Domaine de Mellemont, situé à Thorembais-les-Béguines (Brabant wallon), a bien grandi. Et compte quelque 11.000 pieds en cépages traditionnels répartis sur un peu moins de 4 hectares.
Mais les fondateurs ont, eux aussi, bien grandi. Enfin, mûri plutôt. Atteignant un cap: soixante ans. De quoi amener à réfléchir. « Il était temps de considérer pérenniser le vignoble », évoque Pierre Rion, business angel et président de l’association des vignerons wallons.
Une décision a donc été prise: vendre. Mais pas à n’importe qui. À des jeunes, « passionnés et motivés », « animés du même esprit que nous, à savoir de vouloir élaborer un produit local de qualité, abordable et respectueux de l’environnement ».
Ces jeunes, ce sont Pierre-Alexandre Péters, Antoine de Thibault, Matthieu Dumont de Chassart et Marc-Edouard Humblet qui, épaulés par l’Invest.BW et CBC, reprennent le flambeau. Et ce, dans le cadre d’une transaction dont le montant n’a pas filtré.
Tout au plus apprend-on que l’accord passé entre les parties prévoit un « accompagnement actif » des nouveaux exploitants par les fondateurs du domaine « durant deux saisons« .
Effervescence sectorielle
Le Domaine de Mellemont produit quelque 20.000 bouteilles en moyenne par an – avec un pic à environ 40.000 bouteilles lors de l’excellente année 2018 -, dont la moitié de vin effervescent. Il fut durant ses dix premières années le plus important de Wallonie avant d’être rattrapé par les domaines du Chenoy (famille Philippe Grafé) et des Agaises (famille Leroy) au tournant de l’an 2000.
Aujourd’hui, ce dernier est toujours en tête fort de sa célèbre cuvée Rufus. Pour autant, d’autres domaines sont, eux aussi, montés en puissance plus récemment, comme le Chant d’Eole (famille Ewbank de Wespin), qui augmentait ses capacités de production l’an dernier, le Chateau de Bioul (famille Vaxelaire) ou encore le Château Bon Baron (famille Van der Steen).
Avec une certaine forme de loi de Pareto à dénoter du côté de la viticulture wallonne puisque 60% de la production (près de 240 Ha) sont aux mains de moins de 10% des exploitants.
L’on notera enfin que même du côté des familles actionnaires de référence du géant brassicole AB InBev, on a osé l’infidélité du moût au lieu du malt. Aux alentours de 2010, Frédéric de Mévius s’est en effet décidé à ramener le raisin au domaine de la Falize, situé au nord de Namur.