Vive les vins belges sur VIVACITE par Fabrizio Bucella

Vive les vins Belges !

 
 
 
dans Vivre Ici Bruxelles

La Belgique commence petit à petit à faire parler d’elle sur la scène du vin. Fabrizio Bucella, œnologue et chroniqueur dans Vivre Ici Bruxelles fait le point sur la question.

Les chiffres du ministère des affaires économiques sont tombés la semaine dernière. L’année 2018 a été une année record pour le vin belge. On a produit 2,6 millions de bouteilles. Cela fait à peu près une bouteille pour 4,5 habitants. Ce n’est pas demain la veille qu’on sera en autarcie vinicole.

Wallon, flamand, belge ?

Il y a aussi une astuce belgo -belge comme on sait les faire dans notre pays – du verbe savoir faire. L’Union européenne exige des associations professionnelles afin de représenter les vignerons. Ni une, ni deux, les Flamands ont été les premiers de la classe, ils ont créé l’association « Belgische Wijnbouwers – Wines of Belgium ». Comme son nom ne l’indique pas, elle n’est pas l’association des vignerons belges, mais bien celle des vignerons flamands.

Les Wallons ont créé leur association qui est simplement l’Association des vignerons de Wallonie et dont le nom correspond à l’objet.

Il y a lieu de pousser un vrai cocorico, quand on compare la production entre la Flandre et la Wallonie. Les domaines les plus importants, ceux qui produisent plus de 50 000 bouteilles par an pour fixer les idées, sont en majorité du côté wallon. C’est même 75% des domaines de grande taille qui sont situés sur le sillon Sambre et Meuse !

Afin de protéger le consommateur, on a créé en 2004 une appellation d’origine protégée au doux nom de coteau-de-sambre-et-meuse pour les vins tranquilles. Il existe aussi une indication géographique protégée les vins-de-pays-de-jardins-de-wallonie.

L’Histoire

On pense souvent que les Romains ont apporté la vigne en Belgique. Rien de plus faux. Les Romains se baladaient bien avec des ceps de vignes dans leurs besaces, mais ils n’ont pas poussé le vice jusqu’à faire pousser cette plante sous nos latitudes. La vigne serait arrivée avec Charlemagne, juste après la chute et le sac de Rome par les Barbares.

Dans le même ordre d’idées, on pense que Napoléon aurait fait arracher la vigne pour favoriser les vignerons français. En vérité la Belgique et surtout la Wallonie faisaient partie intégrante des conquêtes révolutionnaires. C’est méconnaître l’histoire de penser que Napoléon aurait défavorisé ces contrées au profit d’autres, car pour lui, elles constituaient toutes la France une et indivisible.

Huy versus Liège

L’anecdote provient de l’ouvrage de Guy Durieux et Marc Vanel, le plus aboutit sur l’histoire du vignoble wallon. Nos amis liégeois disaient à propos des vins de leurs camarades hutois : « Huy a trois espèces de vins : le vin de la chaussette, le vin des Trois Frères et le vin tournant ».
Le premier de ces nectars avait comme caractéristique que lorsqu’on avait une chaussette trouée, il suffisait d’y verser un verre de ce vin pour que le trou se referme instantanément.
Le deuxième dit des Trois Frères, ainsi appelé parce que pour faire ingurgiter un verre à un des trois frères, il fallait que les deux autres le tiennent vigoureusement.
Enfin le troisième, le vin tournant, tirait son nom de ce que si on ne tournait pas sur place quand on l’avalait, on avait l’intestin perforé.

Quels cépages ?

Les vignes qui poussent sous nos latitudes, sont-elles les mêmes que celles en France ou en Italie ou bien est-ce des plantes différentes ? Voilà la question qui agite le vignoble wallon. Sur les cépages, il y a deux écoles comme on dit. La première fait le choix de cépages classiques, mais adaptés à des climats plus septentrionaux. Cependant, le climat belge est particulièrement sombre et floteux. Aussi, il existe une autre école, celle-ci fait le choix de cépages plus récents, où la vigne européenne est croisée avec des consœurs d’Amérique du Nord. On appelle ces cépages interspécifiques, c’est un terme qui sent la manipulation génétique, mais ces plants de vigne n’ont pas été tripotés avec leur ADN, je vous rassure.

Pour conclure, disons que les vins wallons demandent du temps, du talent et du cœur comme dans la chanson de Jean-Jacques Goldman, et ils peuvent être magnifiques.

A visite : le site de l’association des vignerons de Wallonie. Vous y trouverez certainement un vignoble à visiter près de chez vous ou près de votre lieu de vacances, car il paraît qu’on passera en grande partie nos vacances en Belgique.

N’oubliez pas, pour le vin wallon comme pour le reste, il n’y a qu’une solution c’est la dégustation.

Chaque vendredi, Fabrizio Bucella nous livre ses pépites sur le monde du vin dans Vire Ici Bruxelles. N’hésitez pas à aller faire un tour sur le site de son école d’œnologie Inter Wine and Dine pour en savoir plus. Il propose également des cours gratuits en ligne le samedi à 18h sur sa chaîne Youtube.

Plus de belge…

Dirk Rodriguez
WINEBIZZ

« Plus de plats à emporter et plus de belge »

Vinopres a contacté les sommeliers des meilleurs restaurants belges, représentant plus de 30 étoiles au guide Michelin. Ils ont répondu à notre enquête, voici les résultats.

 

D’un point de vue général, les avis sont assez divergents. Force est de constater que les profils varient aussi. Certains sont indépendants, d’autres sont employés, d’autres encore sont propriétaires ou copropriétaires du restaurant, ce qui donne lieu à des résultats variables. Il est d’abord frappant de constater qu’une large partie des sommeliers est restée active durant le confinement, ils ont parfois coopéré avec les services de livraison ou ont soigneusement préparé le redémarrage. D’autres encore, ont organisé une vente au restaurant de bouteilles de vin excédentaires.

Pendant le confinement
Lorsqu’on leur a demandé s’ils avaient continué à travailler au moins à temps partiel, 35,3 % ont répondu par l’affirmative, dont la moitié à temps plein. Une première constatation est donc qu’une partie non négligeable de nos grands restaurants ont non seulement rapidement rouvert leurs portes (take-away) mais ont également pu faire appel à leur sommelier.

Le retour à la normale ?
Lorsqu’on leur demande s’ils estiment que cette crise sanitaire aura des conséquences durables pour le secteur de la restauration, une nette majorité répond « oui » (82,4 %) : une grande majorité pense que le plat à emporter va rester dans les mœurs encore quelques années. La plupart des commentaires formulés sur cette réponse sont les suivants :
1) « Le plat à emporter restera certainement pendant un certain temps pour compenser la perte de chiffre d’affaires » (71,4%),
2) « Nous proposeront des menus simplifiés afin de pouvoir gérer plus d’une équipe (42,9%), 3) « Nous travaillerons avec moins de personnel » (28,6%),
4) « Les clients abandonneront les menus et commanderont plus à la carte (14,3%),

Retour à la culture du jetable ?
Certaines inquiétudes ont aussi été soulevées par nos experts. La vente à emporter provoque un triste retour à la culture du jetable (après l’interdiction des gobelets à usage unique en plastique pour les festivals). Il faudra donc sensibiliser les gens à la nécessité de recycler autant que possible les emballages en papier et en plastique.

Conséquences sur la consommation de vin : moins de vin au verre
Nous savons tous que la consommation de vin est une importante source de revenus pour l’industrie hôtelière et les grands restaurants en particulier. À la question de savoir si quelque chose va changer dans le secteur du vin, 70,5 % ont répondu par l’affirmative.

41,7% pensent que les clients choisiront la gamme de vins d’accompagnement proposé par la maison pour rendre le repas plus confortable, sans avoir à demander trop d’explications au sommelier sur le choix du vin. D’autre part, autant de personnes pensent que les gens vont commander plus à la bouteille pour diminuer la manipulation des verres. C’est plus simple, et les clients s’attendent aussi à ce que la bouteille reste sur la table laissant le choix au client de se resservir lui-même. Ainsi, la mode des « vins au verre », popularisée par crainte des contrôles d’alcoolémie, est un peu écrasée. Toutefois, les vins au verre pourraient gagner en popularité pour les personnes qui préfèrent les menus plus courts ou à la carte. Presque personne ne pense que la crise va amener les consommateurs à acheter du vin moins cher. Peu de gens pensent également que les clients vont désormais boire du vin plus cher pour compenser leurs vacances perdues.

Fini la longue carte des vins ?
La plupart positionnent le métier de sommelier dans les mêmes conditions de travail qu’avant la crise, mais de derrière leur masque et à une distance d’un mètre et demi. On risque donc de voir les explications du sommelier devenir une conversation bruyante. (76,5 %). Pour une partie (35,3 %), elle sera complétée par une feuille pré-imprimée sur la table avec une liste relativement courte de suggestions de vins – donc pas de liste de vins plus étendue. Une partie importante recommandera l’assortiment de vins d’accompagnement encore plus qu’auparavant, car c’est le plus confortable pour tous (29,4 %). Une petite minorité voit le salut dans les outils numériques tels que les tablettes. (11,8%)

Plus de place pour le vin belge et plus sain à table ?
Une majorité de 58,8 % pense que les gens vont commander le même type de vin qu’avant. Pourtant, un certain nombre d’entre eux voient s’accélérer certaines tendances. Étonnamment, 85,7 % de ceux qui s’attendent à un changement pensent que les gens boiront plus de vins belges par patriotisme (6 sur 7). 42,9 % pensent que les clients se tourneront davantage vers les vins bio, biodynamique ou vegan.

 

Annevoie par Marc Vanel (blog)

 

Fin avril, 11.5 hectares de cépages résistants ont été plantés à Annevoie. Derrière ce projet ambitieux, le cardiologue Léopold Loumaye et son père Ernest-Tom qui ont choisi d’en confier la responsabilité au Namurois Damien Briard, vigneron-œnologue qui vient de passer trente ans à Bordeaux et en Champagne…

Célèbre destination touristique de la vallée mosane, le château d’Annevoie et ses jardins ont été rachetés en 2017 par Ernest-Tom Loumaye qui s’est engagé à remettre l’ensemble en état. L’extérieur du château sera terminé cette année, et l’intérieur l’année prochaine, mais pour les jardins (12 hectares), même si le visiteur peut déjà les visiter, il faudra attendre 4 à 5 ans pour que tout soit refait. Et ce, sous la surveillance de l’Agence wallonne du patrimoine, car le bien est classé.

Pour ajouter une corde à leur arc, Ernest-Tom Loumaye et son fils Léopold ont décidé de planter 11,5 hectares de vignes sur une prairie qu’ils possédaient déjà avant de racheter le Château, à quelques centaines de mètres de là. « J’ai toujours eu une passion pour le vin, explique Léopold, ce vignoble est un moyen pour nous de diversifier l’activité des Jardins et ce qui tourne autour. Nous avons commandé les plants il y a un peu plus d’un an, rencontré Damien Briard un peu avant Noël 2019 par l’intermédiaire de Philippe Berger du CEFOR (qui habite Annevoie) et voilà… depuis avril, il est là, matin et soir. »

Un sérieux atout

S’il est un peu le résultat d’un concours de circonstances, le choix de Damien Briard est plus qu’un atout. Originaire d’Anhée, la commune voisine, il quitte la Belgique à 18 ans pour vivre sa passion de vigneron. En dix ans, il va travailler comme technicien viticole ou oenologue pour 27 châteaux à Bordeaux, en Afrique du Sud et en Champagne.

En 2005, il crée aussi le domaine Agape à Quinsac en Côtes-de-Bordeaux et le Château de la Dame Verte (où il faisait un Merlot en macération carbonique peu conventionnel) mais après deux années de gel majeur, 2017 et 2018, il revend tout et monte dans un premier temps en Champagne. Sa rencontre avec Philippe Berger, bien connu des concours de dégustation à l’aveugle, va changer le cours des choses.

“C’est surtout la page blanche qui m’a convaincu, explique Damien Briard. Puis aussi le fait que je savais que Philippe Grafé était intervenu pour conseiller Léopold sur les relations cépages-terroirs, car c’est lui qui m’a appris à déguster quand j’avais 16 ans, c’est amusant de le retrouver dans la boucle. J’aime ce défi, où tout est à faire: les vins, la cuverie (qui sera installée dans une des granges du Château), les étiquettes, le développement… Nous avons eu la bonne idée de revenir en plein Covid, ce fut un peu rock’n’roll mais sympathique malgré tout.”

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© Vanel

Bio

Cinq variétés de vignes ont été plantées le 20 avril dernier: 4ha de Johanniter et 4ha de Sauvignac pour des vins mousseux et blancs, 1.5ha de Cabaret noir, 1ha de Solaris et 1ha de Cabernet blanc.

En un mois, la vigne a déjà bien poussé – © Vanel

Pour un vigneron habitué aux cépages classiques, le changement risque-t-il d’être radical? « Non, c’est le bon choix. Surtout quand je vois les dégâts dus actuellement par l’oïdium en Champagne où la vigne est en avance de deux semaines, ou les ravages du mildiou dans le Bordelais où il a vraiment beaucoup plu. Après, je ne sais pas encore quels vins nous ferons, monocépages ou assemblages, cela se fera en fonction de la découverte gustative, mais j’ai déjà dégusté de jolis vins élaborés avec les mêmes cépages. On démarre ici en bio, avec un rang sur deux enherbé,  on verra en fonction des conditions climatiques comment cela évoluera. L’idée est de gérer les terroirs en fonction du climat : argile en haut de coteau, sable au milieu, retour sur argile et schiste en bas, un peu d’ardoise aussi. »

Devant l’ampleur du projet, du personnel sera-t-il engagé? « Des saisonniers certainement, mais uniquement pour cela. J’ai taillé 140 hectares tout seul cet hiver. Avec un sécateur électrique, on peut tailler 2500 pieds par jour, ce sera l’affaire de vingt jours. »

Cuverie

Un chai de vinification sera installé dans une des granges du château, tout sera réalisé sur place, même pour les effervescents (prise de mousse et dégorgement). A terme, un volume de 55.000 bouteilles devraient être produites.

Pour la commercialisation, comme le souligne Léopold Loumaye avec sourire, « les Jardins voient passer 60.000 visiteurs par an, l’essentiel sera donc venu sur place ainsi que dans les beaux restaurants des environs. » Rendez-vous en 2022 pour les premières bouteilles.

Marc Vanel, 29/5/20

« L’impact du confinement sur la viticulture wallonne: les producteurs témoignent. » par Marc VANEL DH, dimanche 29 mars

  

 


Avec le printemps démarre un nouveau cycle végétatif dans les vignobles. Il faut tailler, nettoyer, réparer les piquets, retendre les fils. Rien que de très normal, sauf que le personnel ou les saisonniers ne sont pas là pour effectuer ces tâches. Et toutes les ventes sont bloquées depuis le 13 mars. Sans rentrées, la situation peut rapidement devenir difficile pour le secteur si elle perdure.
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Annulations en chaîne

Chez Ruffus, premier producteur du pays (25ha), les dispositions sanitaires ont bien sûr été prises et les équipes travaillent à distance en évitant tout contact. « Cette crise sanitaire mondiale, commente John Leroy, va être très lourde pour tout le monde d’un point de vue psychologique et économique. Notre vision de la société risque d’être totalement perturbée. » Si la maison vend la quasi totalité de ses bouteilles avant de les sortir, un problème se posera dans plusieurs semaines au moment du dégorgement des bouteilles, une opération qui nécessite la présence d’un prestataire français et de personnel pendant plusieurs semaines. « Si l’opération est reportée, poursuit John, cela amènera des périodes creuses pour le personnel et un décalage des ventes, et donc de trésorerie. Pour l’instant, tous les restaurants et bars sont fermés, la plupart des cavistes aussi, il n’y a pas d’événements… Depuis 15 ans, nous organisons en juin l’enlèvement des commandes au vignoble, cela risque d’être déplacé à septembre. Je n’avais imaginé que pour une fois ce n’est pas par la météo que la nature nous impacterait. »

Même son de bouchon au Domaine du Chenoy qui a dû annuler tous les chantiers d’embouteillage. « Et gros problème, ajoute Jean-Bernard Despatures, on ne peut plus recevoir nos clients ni faire déguster nos vins. Tous les événements sont supprimés et l’Horeca est fermé, il y aura forcément un manque à gagner important”.

Idem pour le Domaine de Glabais qui déclare avoir annulé « les journées ateliers-découvertes, la plantation de haie en vue de protéger la vigne côté Nord et de favoriser la biodiversité, les visites et dégustations. Sans parler de la diminution de nos ventes vers les restaurateurs, les  traiteurs  et également vers les privés, déplore Christian Balduyck. La prospection vers certains restaurants est aussi à l’arrêt et tous nos contacts avec l’Awex ou les différents contacts à l’export sont temporairement au frigo. »

Se réorganiser

Au Domaine du Château de Bioul, Vanessa Wyckmans craint un impact énorme. « Toutes nos ventes sont à l’arrêt depuis le 13 mars, constate-t-elle, tous les salons sont annulés jusque fin mai et certaines matières premières sont bloquées aux frontières. On attend pour y voir plus clair. »

Chez Vin de Liège, les consignes sont respectées : « Nous demandons à chacun de prendre sa propre voiture afin de ne pas être confinés dans une camionnette, confie Alec Bol… Et même sur le temps de midi dans les vignes, nous restons loin l’un de l’autre. C’est étrange mais parfait pour la distanciation sociale. Nous avons dû annuler nos portes ouvertes, il faut réorganiser la sortie de nos vins, car les ventes ont été stoppées net ! L’impact sera énorme. »

Dans le Brabant wallon, au Domaine de Mellemont, les ventes continuent, même si difficiles, constate Pierre Rion: « Cela suit, sauf évidemment l’Horeca, mais nous avons accordé spontanément  des facilités de paiement à nos clients Horeca par solidarité ! »

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Photo: Adrien De Busscher – Vignoble de Nouvelles

Au domaine Septem Triones, Jean Galler garde espoir : « Nous devions dégorger en avril nos première bouteilles d’effervescent, aux 30 cépages. C’est remis à plus tard mais il n’y a aucune urgence. Il y en a tellement peu et la matière est à ce point fantastique que nous devons prendre le temps de laisser les choses se faire. Les visites-dégustations doivent commencer le 9 mai. Pour la vente, nous n’avons pratiquement plus rien de 2018 et le 2019 n’est pas encore mis en bouteille, si ce n’est le Gamay que nous avons vinifié en macération carbonique pour la première fois. »

Au Domaine du Blanc Caillou, nous confie Marc Boddaert, « un jardinier a été engagé depuis quelque temps sous article 60, je lui ai transmis par internet les schémas de taille et nous nous sommes également expliqués par vidéo. En une semaine, à raison d’un homme à la fois depuis le confinement, notre vignoble a été taillé. Nous ne savons, hélas pas mettre en bouteilles, les 60 premiers litres vinifiés à titre d’essai. »

A Hélécine, au Domaine Beekborne, Patrick Carmans lui aussi constate que toute vente est bloquée. « Je viens d’avoir contact, ajoute-t-il, avec mon fournisseur en France (pépinières Guillaume) et heureusement la livraison des nouveaux pieds de bignes aura lieu comme prévu fin avril. »

Dans un autre registre, le Château Bon Baron a fait don de 5.000 litres de vin à une distillerie afin de confectionner de l’alcool à friction et donc d’accroître les stocks de produits désinfectants.

Profiter de l’été

A Saintes, au Domaine W qui attend ses premières bouteilles à la fin de cette année, les seules rentrées sont actuellement les cotisations des membres du Club W, les préventes et la location des lieux pour des événements. « Depuis le 12 mars, nous n’avons plus aucune inscription, explique Dimitri Vander Heyden, ni de location du Salon W. C’est tenable, sauf si cela perdure bien sûr. Nos priorités sont en fait ailleurs : nous attendons 18.000 pieds de vignes pour replanter 4 hectares mais ils sont bloqués, avec le planteur, au Luxembourg, et il faut surtout du monde pour mettre les tuteurs et les filets pour protéger des lapins, cela représente 2 semaines de travail pour 5 personnes. Difficile. Par ailleurs, nous avons demandé des aides aux investissements ADISA mais elles sont subordonnées à une visite des lieux… Et le tracteur que nous avons commandé en Italie est bloqué sur le parking de l’usine… »

Dans le Hainaut, le Vignoble de Nouvelles avait lui aussi prévu de planter à la fin avril. « Nous sommes toujours à la taille, explique Vincent De Busscher, mais les stagiaires de l’IFAPME ne peuvent plus venir et le confinement repousse la plupart des bénévoles de peur de se voir infliger des amendes. Ceci malgré que l’activité soit en plein air et que nous ayons confectionné des masques de protection selon les normes gouvernementales. Les investissements en protection contre le gel sont heureusement arrivés à temps. Nous sommes donc parés, car les gelées commencent déjà… Il faudra se retrousser les manches, c’est certain ! »

Enfin, confie un vigneron flamand qui a souhaité rester anonyme, « nous recevons le report de formalités administratives nécessaires, ce qui est positif. Des subventions sont annoncées, mais tout est encore très vague. En tant que vigneron, nous devrons puiser dans nos propres réserves de liquidités pour survivre. On sait que le secteur viticole n’est pas très populaire auprès des banques, mais j’ai confiance en la détermination des vignerons belges ! »

Ventes en ligne: plusieurs vignerons ont lancé une boutique en ligne, souvent avec livraison gratuite. Sinon, plusieurs sites existent, les trois principaux sont Popsss.com, OenoBelgium, BelgianWines. Une nouvelle boutique a récemment été lancée: Vins Belges

Marc Vanel, 30/03/20 – Photo d’ouverture: Ingimage

Des vins wallons parmi les Meilleurs Chardonnays du monde

Une médaille d’Or : Chant d’Eole avec un Blanc de Blanc ( sans date)
– Une médaille d’Argent : Chant d’Eole avec sa cuvée réserve de 2015
– Une médaille d’Argent : Ferme du Chapitre avec son Chardonnay

La 27e confrontation internationale des meilleurs Chardonnay du Monde® vient de s’achever. En compétition, une extraordinaire concentration de vins issus de chardonnay d’une très grande diversité géographique : 658 échantillons représentant 37 pays.

Chardonnay du Monde® occupe une place à part parmi les concours internationaux par son ampleur internationale et l’exigence de sa méthode. Des normes de qualité au-delà des standards et des conditions de dégustation optimales ont permis aux experts jurés internationaux de délivrer 218 Médailles reconnues comme un critère de sélection fiable.

 

« Le Vignoble de La Mazelle dépose les sécateurs » par Marc Vanel

 

 

Ce sera officiel ce lundi 9 mars 2020 : après 14 ans de bénévolat et de convivialité, l’asbl Le Vignoble de la Mazelle est mise en liquidation..

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Situé à Beaumont, à quelques kilomètres de la frontière française, le vignoble de La Mazelle figure parmi les sites les plus séduisants de Wallonie. Planté en 2000 par Herman Willems sur un magnifique coteau d’un hectare à forte déclivité, le vignoble se compose au départ de Dornfelder, de Sirius, des Pinots gris et noir, et d’Auxerrois.

Son propriétaire décède fin 2004 et sa veuve décide de revendre maison, parc et vignes. Les acheteurs seront le baron et la baronne Henry de Radzitzky qui conservent le vignoble et décident de s’initier à la viticulture, notamment avec les conseils de Christophe Waterkeyn (Villers-la-Vigne) et de Hugo Bernar (Hageling Bio).

Dornfelder et Sirius sont abandonnés et le trio composé de Thérèse de Radzitzky, de son fils Charles-Albert et de son frère Géry de Broqueville (puis de François-Xavier van Meerbeeck) va produire jusqu’à aujourd’hui deux vins. Un Pinot noir assez léger et un Auxerrois plutôt aromatique dont la qualité se maintient bon an, mal an. Particularité de l’activité : tous les travailleurs sont bénévoles et les bénéfices sont destinés à l’asbl Asmae qui mène divers projets de coopération, notamment en Afrique.
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Thérèse de Radzitzky, son fils Charles-Albert et son frère Géry de Broqueville aujourd'hui actif dans la permanculture - © Vanel 2015

Thérèse de Radzitzky, son fils Charles-Albert et son frère Géry de Broqueville aujourd’hui actif dans la permanculture – © Vanel 2015

Bénévolat en crise

Aujourd’hui, quatorze ans plus tard, l’équipe jette le gant. En cause : un déséquilibre flagrant entre la masse de travail à fournir et les revenus de l’activité, mais aussi un manque de ressources humaines. « Nous n’avons travaillé qu’avec des bénévoles, explique Thérèse de Radzitzky. Ceux de ma génération, je suis proche de l’âge de la retraite, ont moins de résistance qu’il y a quinze ans. Quant aux jeunes de la génération de mon fils, ils sont tous en train d’élever leurs enfants ou de s’occuper à fond de leur carrière professionnelle.

Par ailleurs, nous n’avons qu’un hectare, ce qui est beaucoup trop peu pour avoir une rentabilité commerciale suffisante pour rémunérer un ou plusieurs salaires, il faut plutôt sept hectares pour cela. Je tiens un registre de ce que l’on fait, l’entretien de La Mazelle demande 150 à 200 journées de travail sur l’année pour une personne. J’ai essayé le travail intérimaire, mais cela coûte beaucoup trop cher, sans compter qu’il faut être là pour suivre le travail. »
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La pente est effectivement impressionnante... © Vanel 2015

La pente est effectivement impressionnante… © Vanel 2015

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Démontage

Une des tâches que l’on imagine difficile est à présent le démontage du vignoble. « Nous l’avons déjà entamé. Nous avons enlevé les câbles, les agrafes, les élastiques… Les pauvres ceps battent désormais au vent. Nous allons à présent les couper ; on ne peut ni les transplanter ni les arracher, car les racines, qui ont 20 ans, descendent trop bas. Espérons que cela ne rejette pas, sinon cela va être la jungle.

Quand le vignoble sera complètement nettoyé, nous allons continuer l’arboretum que nous avions commencé en bas du vignoble, et sur le haut, trouver des espèces accommodantes pour ce type de sol. Notre but n’est pas de nous replier sur nous-même, nous allons continuer à faire des portes ouvertes, mais pour le parc et les collections d’arbres, d’arbustes et de plantes. »
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Moment de partage pendant les vendanges en 2015 – © Vanel

 

L’asbl Le Vignoble de La Mazelle va continuer à exister encore quelque temps pour les besoins de sa liquidation, comme le prévoit la loi. Le matériel va être mis en vente, le catalogue est en cours de compilation. Mais si un arrêt de l’activité est effectivement un coup dur, les réactions des bénévoles et de l’entourage, y compris des autorités communales, ont été chaleureuses et émouvantes. « Nous avons reçu des messages vraiment magnifiques de nos bénévoles qui témoignent d’un sentiment de reconnaissance pour tout ce qu’ils ont pu vivre sur le plan humain. Nous avons eu un rôle fédérateur et rassembleur, on a rencontré des gens d’horizons différents qui ont appris à se connaître à travers le travail de la vigne, alors qu’ils ne se seraient jamais connus autrement. Ce fut très intense, on a vécu de très belles choses. Nous tournons la page avec tristesse, mais nous conserverons bien vivant le souvenir de tous ces beaux moments d’amitié partagée. »

Infos: contact@lamazelle.be – www.lamazelle.be

Marc Vanel, 05/03/20

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