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Le vin bio, une vraie tendance en Wallonie

Depuis quelques années, une nouvelle tendance se dessine dans le vignoble wallon : le passage à la viticulture bio, voire biodynamique. Un peu plus de 110 hectares de vignes sont déjà certifiés bio ou en conversion, avec quelques grosses locomotives.

Il s’agit en fait d’une caractéristique propre à la Wallonie que les vignerons flamands ne suivent pas, ou pas encore. Pourtant, le premier à avoir obtenu le label bio fut Hugo Bernar à Tirlemont en 1995 (Hageling-Bio).

A l’époque, la législation européenne ne permettait pas de sortir des vins bio, mais uniquement des « vins issus de raisins de l’agriculture biologique ».

Hugo Bernar est aussi pépiniériste, il a contribué à la plantation de plusieurs vignobles en Wallonie – © Vanel

Il fallut en effet attendre 2012 pour que le règlement européen régissant la viticulture biologique soit étendu à la vinification. Hugo Bernar a donc obtenu dans un premier temps le label « Biogarantie » pour ses 3000 pieds de cépages résistants, avant de se faire certifier en 2015 par TÜV Nord Integra (voir plus loin).

Ces variétés de raisins (dites résistantes ou interspécifiques) étant étudiées pour résister aux maladies les plus courantes de la vigne, elles nécessitent donc moins de traitements, ou même aucun les meilleures années.

La tendance partit donc de Flandre il y a 25 ans, mais elle n’y resta pas, car les vignerons flamands n’ont jamais été véritablement séduits par les cépages résistants (les principaux instituts de formation flamands les déconseillent même).

Par contre, grâce à l’exemple initié par Philippe Grafé au Domaine du Chenoy à partir de 2003, nombreux furent ceux à opter pour les cépages résistants, même s’il fallut attendre 2019 pour que le domaine achève sa certification bio.

Photo: Domaine du Chenoy

Les quatre grands principes

L’agriculture bio va bien au-delà d’un mode cultural et est basée, comme le rappelle l’IFOAM (International Federation of Organic Agriculture Movements) sur son site web (ifoam.org) sur quatre grands principes :

  • Le principe de santé : « L’agriculture biologique devrait soutenir et améliorer la santé des sols, des plantes, des animaux, des hommes et de la planète, comme étant une et indivisible. Ce principe souligne que la santé des individus et des communautés ne peut être séparée de la santé des écosystèmes – un sol sain produit une culture saine qui donnera la santé aux animaux et aux personnes. (…) Le rôle de l’agriculture biologique est de soutenir et d’accroître la santé des écosystèmes et des organismes du plus petit dans le sol jusqu’aux êtres humains. »
  • Le principe d’écologie : « L’agriculture biologique devrait être basée sur les cycles et les systèmes écologiques vivants, s’accorder avec eux, les imiter et les aider à se maintenir. Ce principe enracine l’agriculture biologique dans les systèmes écologiques vivants. (…) La gestion biologique doit s’adapter aux conditions, à l’écologie, à la culture et à l’échelle locales. Les intrants devraient être réduits par leur réutilisation, recyclage et une gestion efficiente des matériaux et de l’énergie de façon à maintenir et améliorer la qualité environnementale et à préserver les ressources. »
  • Le principe d’équité : « L’agriculture biologique devrait se construire sur des relations qui assurent l’équité par rapport à l’environnement commun et aux opportunités de la vie. L’équité est caractérisée par l’intégrité, le respect mutuel, la justice et la bonne gestion d’un monde partagé, aussi bien entre les personnes que dans leurs relations avec les autres êtres vivants. (…) L’Agriculture Biologique devrait fournir une bonne qualité de vie à chaque personne engagée et contribuer à la souveraineté alimentaire et à la réduction de la pauvreté.
  • Le principe de précaution : « L’agriculture biologique devrait être conduite de manière prudente et responsable afin de protéger la santé et le bien-être des générations actuelles et futures ainsi que l’environnement. (…) L’agriculture biologique devrait éviter de grands risques en adoptant des technologies appropriées et en rejetant les technologies imprévisibles, telles que le génie génétique. Les décisions devraient refléter les valeurs et les besoins de tous ceux qui pourraient être concernés, au travers de processus transparents et participatifs. »
Au Château de Bioul, le parcours didactique « Made in Bioul » retrace l’histoire du vignoble et présente les étapes de la culture en biodynamie. – © Vanel

Les obligations légales

A côté de ces grands principes existent quelques règles européennes fondamentales de la vinification bio qui s’articulent autour de quatre grands points :

  • Les vins bio doivent être élaborés avec des ingrédients eux-mêmes totalement certifiés bio : raisins, sucre, alcool, moût concentré rectifié.
  • La vinification bio doit respecter la législation européenne de l’Organisation commune du Marché (OCM) vitivinicole, qui fixe les mécanismes de la politique agricole commune (PAC) applicables à l’exploitation de la vigne dans les pays membres de l’Union européenne. Certaines techniques sont sujettes à restriction en bio, au niveau par exemple de la désalcoolisation partielle des vins, les traitements thermiques, ou la filtration, mais on rentre là dans des détails précisément trop techniques (voir le règlement européen ICI).
  • L’usage des additifs et auxiliaires œnologiques est restreint en bio, dont l’origine bio doit en outre être privilégiée.
  • Enfin, le taux de sulfites total est inférieur à celui utilisé dans le conventionnel, mais ces limites sont fonction du taux de sucre résiduel. Par exemple, pour les vins à moins de 2g/l de sucre résiduel, la dose maximale de sulfites autorisée est de 70 mg/litre pour un vin en biodynamie, 100 en bio et 150 en conventionnel.
Le récent domaine du Dièdre noir a choisi le bio dès la plantation – © Vanel

Les organismes certificateurs

Afin de garantir aux consommateurs que les produits portant le label « bio » sont conformes au cahier des charges européen, l’ensemble de la chaîne doit être contrôlé par un organisme certificateur, un processus qui prend trois ans minimum.

L’utilisation du terme « bio » ou « biologique » étant légalement protégée, tout opérateur commercialisant des produits biologiques doit donc être contrôlé par un organisme agréé et s’acquitter d’une redevance fixée dans le tarif approuvé par la Région wallonne et flamande.

En Wallonie, ce contrôle est assuré par des organismes privés, agréés par le Ministre en charge de l’Agriculture sur base des dispositions européennes et wallonnes.

Trois organismes sont agréés en Belgique et rappellent chacun sur leur site web les étapes à respecter pour être certifiés :

Les labels privés tels que Biogarantie® ou Nature et Progrès ne dispensent pas du contrôle officiel.

La certification en biodynamie est, elle, assurée par les organismes Demeter et Biodyvin, mais n’étant pas implantés chez nous, le service est assuré par les organismes belges qui les représentent.

Les premières plantations de la coopérative Vin du Pays de Herve en 2019 – © Vanel

Les aides wallonnes

Non négligeable : des aides wallonnes existent pour l’agriculteur (et donc le viticulteur) qui voudrait convertir ou maintenir ses terres en agriculture biologique. Les montants varient selon la superficie concernée : 900€/ha de 0 à 3ha, 750€ du 3e au 14e hectare et 400 au-delà.

Pendant les deux premières années, les producteurs en conversion peuvent obtenir une surprime de 150 € par hectare. Les parcelles concernées ne peuvent pas avoir déjà bénéficié de primes bio.

Tous les détails sur le site de la Région wallonne : ICI

Vin de Liège, le premier à s’être lancé dans l’aventure dès ses débuts – © Vanel

Plus de vingt vignobles en Wallonie

L’agriculture bio, tous secteurs agricoles confondus, représente aujourd’hui un peu plus d’un hectare agricole sur 9 (11,5%). Pour ce qui concerne la viticulture, il s’agit de 35 à 40% des surfaces, donc plus d’un hectare sur trois!

Les premiers à avoir effectué cette démarche de certification sont ceux qui ont planté des cépages résistants : Vin de Liège (16,3ha), le Domaine du Chenoy (14ha), le Domaine du Château de Bioul (12 ha) ou, plus récemment, Vin du Pays de Herve (8ha), le Domaine de la Portelette à Lobbes (4,7 ha) et le Domaine de Quantole à Horion-Hozémont (6ha).

Au domaine de la Portelette à Lobbes, la démarche de certification évolue en phase avec la plantation. – © Vanel

Soit un total de 62 hectares auxquels s’ajoutent 4 hectares composés par de plus petits domaines comme le Domaine des Avelines (1,3ha), le Domaine des Lowas (1,7ha), le Domaine Les Sarments (1ha), Septem Triones (0,4ha – qui n’a pas demandé la certification en 2020), le Clos d’Antheit (0,35ha)…

Mais en réalité, la tendance la plus active se situe dans les vignobles utilisant des cépages conventionnels, tels que Chardonnay, Pinot noir (ou Meunier) ou Auxerrois, pourtant réputés plus difficiles à cultiver en Belgique.

Le Domaine des Avelines a vendangé pour la première fois en septembre dernier. © Vanel
Vincent Dienst, maître de chai à Bousval – © Vanel

Les deux grands acteurs sont cette fois le Domaine de Bousval (8ha) et le Domaine W (8ha), mais il ne faudrait pas oublier le Poirier du Loup (bientôt 2ha) certifié depuis 2012, ou Marquise de Moulbaix (3ha), le Domaine La Falize (2,5ha), le Domaine XXV (8ha plantés en 2018 et 2020) ou encore le Domaine du Dièdre noir (2,6ha en 2019), soit 36.1 ha, plus quelques autres initiatives (Clos de la Fouchère, Doriémont, Clos Bois Marie en conversion) pour arriver à 38 ou 39 ha.

Une des trois parcelles de La Falize – © La Falize

Le Domaine du Ry d’Argent n’est pas en bio, mais vient de convertir la parcelle de deux hectares qu’il a plantée au Château de Ronchinne (ex-Château de la Poste).

A Torgny, les pieds ont été plantés au siècle dernier… mais ils ne sont certifiés bio que depuis 2012 – © Vanel

Enfin, seul vignoble bio dans ce cas, le domaine Tour de Tilice (5ha) à Fexhe Slins a opté pour les cépages classiques et les résistants. Le domaine est certifié bio depuis ce mois de janvier.

Le total atteint donc 112 hectares certifiés (ou en conversion) alors qu’il n’y en avait que 38 en 2018. Sans exagérer, on peut donc dire que le bio représente aujourd’hui plus de 40% du vignoble wallon ! Chapeau bas !

Marc Vanel

 

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Comment les vignobles wallons financent leur développement? In TRENDS TENDANCES

Comment les vignobles wallons financent leur développement

Du Trends-Tendances du 11/02/2021

17/02/21 à 08:35

Soixante-et-un vignobles ont été créés en Wallonie au cours des cinq dernières années. Au dernier décompte, on approche les 300 hectares de vignes pour 200 domaines. Cet engouement, il faut le financer et, aussi étrange que cela puisse paraître, cela coûte plus cher que chez nos voisins. Comment nos vignerons s’y prennent-ils s’ils n’ont pas de fortune personnelle?

Comment les vignobles wallons financent leur développement
Le Domaine du Mont des Anges a levé 185.000 euros à la fin 2019 via du financement participatif. © PG/ANTOINE MELIS

Dans le monde du vin, il y a un vieil adage qui dit que si un vigneron veut devenir millionnaire, il doit commencer avec 10 millions et il finira millionnaire… C’est encore plus vrai en Wallonie. Les sommes investies sont importantes, l’amortissement se compte en vingtaines d’années et il ne faut pas trop regarder à l’éventuel rendement financier. Bien sûr, il y a des exceptions. Mais n’est pas Ruffus qui veut. Pour bien mesurer l’ampleur de la tâche financière, il faut compter 2,5 millions d’euros pour un domaine de 10 hectares, terre, matériel et fonds de roulement compris.

« Pour ce prix-là, il est tout à fait possible de s’offrir un vignoble productif dans une des belles appellations de Loire, voire un cru classé dans d’autres régions, explique Christophe Heynen, Master of Wine et patron de l’importateur de vins Gustoworld. Clairement, c’est beaucoup moins risqué d’aller acheter un domaine à l’étranger. Dernièrement, j’ai vu des domaines bordelais partir à des prix proches des 12.000 euros l’hectare planté. »

35.000 euros

Prix moyen de l’hectare de terres agricoles en Wallonie, en hausse de plus de 40% depuis 2015.

Des terres agricoles très chères

En 2019, le prix moyen d’un hectare de terres agricoles en Belgique s’élevait, lui, à 46.778 euros. Un prix qui a grimpé de 30% depuis 2015. La hausse est encore plus forte en Wallonie (+41,8%) avec un prix moyen proche des 35.000 euros. Soit quasiment trois fois le prix bordelais évoqué par Christophe Heynen. Le bail à ferme est beaucoup plus raisonnable avec un prix moyen de 304 euros par an et par hectare. Mais il n’est pas sans risque. En France, par exemple, des terres qui allaient passer en grand cru classé ont ainsi été reprises par leur propriétaire au grand dam du vigneron… « Le terrain coûte horriblement cher, poursuit Christophe Heynen. Le prix a même tendance à encore monter quand on évoque un projet viticole. La viticulture n’a pas besoin d’une terre arable comme en Hesbaye. A priori donc, la valeur du terrain devrait être plus faible. Mais nous sommes victimes de l’engouement pour le vin wallon. J’ai vu partir des parcelles à 70.000 euros l’hectare. »

Pour bien mesurer l’ampleur de la tâche financière, il faut compter 2,5 millions d’euros pour un domaine de 10 hectares, terre, matériel et fonds de roulement compris.

Ce coût explique pourquoi le prix des bouteilles wallonnes est si élevé. Mais il reflète la hauteur de l’investissement consenti. Le souci, c’est qu’il n’est pas toujours accompagné d’une qualité irréprochable. Même si, évidemment, nos vignerons font d’énormes progrès. « Nous avons eu beaucoup de passionnés en Wallonie, poursuit Christophe Heynen. Ils ont souvent appris en faisant des erreurs au départ de connaissances empiriques. Mais la professionnalisation est en marche. La hauteur des investissements à consentir explique pourquoi la voie de la qualité et du haut de gamme est la seule possible. Elle explique aussi pourquoi nous sommes spécialisés dans les bulles. Elles permettent d’atteindre plus vite la rentabilité. Le prix de revient est quasi équivalent au vin tranquille mais le prix de vente est, lui, nettement plus élevé. Sans compter un rendement plus important à l’hectare. »

Dimitri et Sophie Wautier (Domaine W): "Le Club W, c'est un crowdfunding très long. Il nous a permis de viser le très haut de gamme sans se presser puisque le financement était là.", PG
Dimitri et Sophie Wautier (Domaine W): « Le Club W, c’est un crowdfunding très long. Il nous a permis de viser le très haut de gamme sans se presser puisque le financement était là. » © PG

Bienvenue au Club!

Comment donc développer un domaine si l’on ne dispose pas d’une fortune personnelle? Les financements participatifs et alternatifs ont évidemment la cote. Le plus bel exemple wallon se situe à Saintes, dans le Brabant wallon. Dimitri et Sophie Wautier y ont installé leur domaine W sur les terres familiales. Des terres et une ferme en indivision qu’il a fallu racheter au prix du marché mais sans réelle pression. Aujourd’hui, le couple dispose de huit hectares conduits en bio et en biodynamie et plantés des trois cépages champenois: chardonnay, pinot meunier et pinot noir. Le couple a financièrement bien mené sa barque pour développer son projet de vie.

« Quand nous avons commencé il y a 10 ans, nous avions 250.000 euros d’économie, explique Dimitri. Dans un premier temps, nous avons cherché des associés. Nous avons constitué des parts de 500 euros à concurrence de 49% du capital. En deux mois, avec nos économies, nous avons atteint les 500.000 euros. Depuis, nous avons réalisé une deuxième augmentation de capital à 850 euros la part. Nous avons levé 200.000 euros supplémentaires sans perdre la majorité et sans rajouter de l’argent grâce au principe des parts bénéficiaires attribuées via un apport en industrie. A faire une seule fois donc. »

Sensible à l’aspect coopérative mais désireux de ne pas perdre le contrôle, le couple va avoir une idée de génie: le Club W. Moyennant le paiement d’un droit d’entrée unique (de 300 à 3.600 euros aujourd’hui), le membre se voit garantir, sur 10 ans, un nombre défini de bouteilles, l’accès à une multitude d’activités et de soirées et une priorité d’achat pour d’autres bouteilles. Ce n’est pas un succès mais une folie! Aujourd’hui, 700 personnes sont membres avec un droit d’entrée moyen de 1.000 euros. « Ces 700.000 euros, ce fut de la trésorerie pour les années difficiles car rien n’était à vendre, poursuit Dimitri. Nous avons pu acheter un matériel de pointe et nous offrir une main-d’oeuvre de top niveau. Le Club W, c’est un crowdfunding très long. Il nous a permis de viser le très haut de gamme sans nous presser puisque le financement était là. Ce système a intrigué les banques qui sont venues nous trouver. Comment un vignoble débutant pouvait-il avoir ses trois premiers exercices à l’équilibre sans rien vendre? Nous avons contracté des prêts pour améliorer l’accueil, les salons, le hall de réception, etc. Pour un montant de 700.000 euros. Nous avons donc levé 2,1 millions parfaitement divisés en trois parts égales. Et sans nous octroyer le moindre salaire… »

Au mois de décembre dernier, le Domaine W a lâché ses 2.500 premières bouteilles. La qualité était au rendez-vous et tout est parti. Le domaine a généré 300.000 euros de rentrées en 2020. Facile d’imaginer la suite quand la production passera à 10.000 bouteilles (vendange 2019 – vente 2021) puis 20.000 bouteilles (vendange 2020 – vente 2022). Ces rentrées vont permettre au couple d’enclencher la phase suivante: une deuxième salle de réception et une cave plus grande pour autoriser la mise en place de cuvées spéciales à vieillissement plus long.

Emphytéose et coup de pouce

Financier de formation, Vincent De Busscher cherche depuis 2013 à établir son propre vignoble en Belgique. Passionné de bulles, il ne pouvait que s’installer dans la région montoise, non loin de Ruffus et de Chant d’Eole, où le terroir calcareux et marneux appartient au bassin parisien, soit le même qu’en Champagne. Aujourd’hui, le domaine du Mont des Anges est devenu réalité et commence à produire des bouteilles. Financièrement, Vincent De Busscher n’a pas fait comme tout le monde. S’il propose, comme le domaine W, une formule de packs (la deuxième campagne vient de commencer et proposera des offres de 500 à 5.000 euros) moyennant une garantie de recevoir des bouteilles et de participer à des activités, il ne possède pas le moindre hectare de terre.

« Nous avons conclu un bail emphytéotique avec les propriétaires de nos 12 premiers hectares, explique-t-il. Nous payons chaque année un canon emphytéotique indexé qui, grosso modo, vaut quatre ou cinq fois le paiement annuel d’un bail à ferme. Nous visons trois ou quatre hectares supplémentaires mais ceux-là, nous allons les acheter. Enfin, si nous y arrivons! » Nous, c’est Vincent De Busscher et Laurianne Lejour, dont la famille exploite le Domaine Potié à Condé-sur-Marne en Champagne. Ils sont majoritaires dans la société qui compte deux associés supplémentaires. Outre des subsides et des lignes de leasing auprès de banques locales qui permettent au domaine de ne payer que pour ce qu’il utilise, notamment au niveau du matériel, le Mont des Anges a levé 185.000 euros à la fin 2019 via du financement participatif: 85.000 via la première campagne des packs et 100.000 suivant la formule du prêt Coup de Pouce de la Sowalfin, l’outil public wallon d’aide au financement des PME. Il s’agit d’un système qui vise à mobiliser l’épargne privée. Les prêteurs (maximum 125.000 euros par personne et 250.000 euros récoltés par emprunteur) bénéficient, en plus de différentes formules de remboursement avec intérêts, d’un crédit d’impôt de 4% pendant les quatre premières années et de 2,5% sur les suivantes.

Thierry Vangulick et Jean-Christophe Vanderelst (Vignoble De Sirault): "Quand nous avons démarré la souscription pour les coopérateurs B, à raison de 500 euros la part et 10 parts maximum par personne, nous avons été surpris par son succès.", PG
Thierry Vangulick et Jean-Christophe Vanderelst (Vignoble De Sirault): « Quand nous avons démarré la souscription pour les coopérateurs B, à raison de 500 euros la part et 10 parts maximum par personne, nous avons été surpris par son succès. » © PG

« Ce sont surtout des amis, des copains et des voisins qui m’ont confié leur épargne à l’époque, conclut Vincent De Busscher. Avec la deuxième vague de vente de packs, j’espère lever entre 100.000 et 200.000 euros qui vont permettre de financer la plantation des six derniers hectares déjà en notre possession, d’étendre la cuverie et de compléter notre matériel, notamment au niveau de la protection contre le gel. Dans trois ans, j’espère pouvoir lancer la construction de notre chai. Ce n’est qu’à ce moment-là que je ferai appel aux banques et aux invests régionaux. »

La file devant le Spar

Le principe de la coopérative est vieux comme le monde dans la viticulture. Vin de Liège en est le champion belge avec 2.300 coopérateurs et 3,2 millions d’euros de capital. Pas mal pour un domaine de 16 hectares devenu très qualitatif. A Sirault, dans le Hainaut, l’expérience est plus modeste mais elle bénéficie d’un engouement sans précédent. Le Vignoble de Sirault compte trois hectares pour 11.000 pieds de vigne plantés. Il a démarré autour de 11 coopérateurs A. « Quand nous avons démarré la souscription pour les coopérateurs B, à raison de 500 euros la part et 10 parts maximum par personne, nous avons été surpris par son succès, confie Jean-Christophe Vanderelst, pharmacien du village et président de la coopérative. Il faut dire que les souscripteurs pouvaient bénéficier du tax shelter réservé à l’investissement dans les start-up. Ils sont 200 aujourd’hui dont l’extrême majorité habite Sirault. Cela nous a permis de lever 210.000 euros que nous avons complétés par une ligne de crédit de 140.000 euros de W.Alter de la SRIW. Il faut commencer à la rembourser progressivement au bout de cinq ans. »

Cette mise de départ a permis à la coopérative de se lancer, de planter les trois hectares couverts par des baux à ferme, d’acheter le matériel de viticulture et de vinification dont huit jarres en terre cuite et de con-clure un leasing immobilier pour le chai flambant neuf. 2.500 bouteilles ont été mises en vente en 2019, 3.000 l’an dernier. N’en cherchez pas, tout est parti! « C’est de la folie, explique Thierry Vangulick, journaliste et secrétaire de la coopérative. La première année, nous avons vendu 800 bouteilles sur une après-midi. Evidemment, nos coopérateurs sont prioritaires. Mais nous réservons 200 bouteilles au Spar du village. Il vend tout en deux jours et les gens font la file dehors pour avoir leur bouteille. Cela ira mieux quand nous arriverons à la production normale de 12.000 à 15.000 bouteilles. »

Balades vin en Wallonie……. in Flair et Essentielle Vino

« Balades vin en Wallonie »: le guide à posséder pour allier balades et dégustation de vin

CAMILLE HANOT

LES VINS DE GENVAL @JEAN-MARC QUINET

 

« Et si on découvrait la Wallonie à travers ses vignobles?

Baptisé « Balades vin en Wallonie », ce nouveau guide touristique compile 33 vignobles wallons et des itinéraires de balades au départ de chacun d’eux!

Du vin et des balades

Le saviez-vous ? Non seulement, il y a en Wallonie de nombreux vignerons mais en plus ces derniers font de l’excellent vin ! Vous ne le saviez pas ? Le vin belge, ça ne vous dit rien ? Vous n’en avez jamais goûté? Avant de se lancer dans la réalisation de ce guide, Jean-Marc Quinet et Anne Marmasse n’étaient pas au courant non plus. C’est d’ailleurs la raison qui les a poussés à partir découvrir la viticulture wallonne (aussi parce qu’ils sont amateurs de bons vins) et à la mettre ensuite à l’honneur.

Une autre façon de découvrir la Wallonie

Dans « Balades vin en Wallonie », 33 vignobles sont présentés. Pour chacun d’eux, on retrouve une interview originale du vigneron, une carte pour situer le vignoble et plusieurs itinéraires de balades aux alentours avec le nombre de kilomètres indiqués. Photos et informations pratiques sont également recensés pour chaque vignoble. À noter : par visite, il faut compter la journée d’excursion. Cela inclut la route, la visite, la dégustation et la découverte touristique. Du Hainaut aux confins de la province de Liège, préparez-vous à explorer la Wallonie sous un nouvel angle !

En pratique : « Balades vin en Wallonie », Jean-Marc Quinet et Anne Marmasse, 180° éditions, prix 20 euros.  

 

 

Le travail de la vigne reprend bientôt

Fin décembre au Domaine de Bellefontaine – Photo: Vanel

Lorsqu’elle n’est pas dirigée, la vigne a tendance à pousser dans tous les sens, elle est bel et bien une liane qu’il s’agit de tailler en début d’année pour qu’elle reprenne de plus belle au printemps. Ce toilettage commence généralement dès décembre mais surtout en janvier, aux alentours de la Saint-Vincent, le patron des vignerons dont la mémoire est honorée le 22 janvier.

Après les vendanges, à la fin de l’automne, les dernières feuilles des pieds de vigne sont tombées et, après un premier nettoyage des parcelles, la vigne est entrée en période de repos, appelée dormance. La sève étant elle aussi retombée, la vigne se met en repos hivernal et peut alors supporter des températures relativement basses.

De décembre à mars, diverses opérations de taille sont menées afin de maintenir la croissance végétative de la vigne et gérer la future production de raisins.

Dans le vignoble de Vin de Liège à Oupeye – Photo: Vanel

La taille va réguler le nombre de grappes et donc le rendement, mais pas nécessairement la vigueur. Celle-ci est plutôt déterminée par d’autres facteurs tels que la fertilité du sol, les pratiques culturales (enherbement ou non), le choix du porte-greffe, le clone, …

Souvent on adapte la « charge » en fonction de la vigueur de la vigne. Sur des pieds à forte vigueur, on peut plus les charger. Tandis que sur des vignes peu vigoureuses, il vaut mieux limiter la charge, sinon on risque d’affaiblir le pied. La taille permet donc d’arriver à un certain équilibre.

Si certains entament les travaux de nettoyage du vignoble dès le mois de décembre, on considère habituellement que c’est la Saint-Vincent, célébrée le 22 janvier, qui marque habituellement la fin du travail en cave et la reprise du travail dans les vignes.

« À la Saint-Vincent, le vin monte aux sarments, s’il gèle il en descend », ou encore « À la Saint-Vincent, l’hiver se reprend ou se casse les dents » disent les proverbes populaires.

En février-mars, si vous promenez dans les vignobles, vous verrez des gouttes de sève s’échapper des endroits où les bois ont été coupés, on dit que la « vigne pleure ».

La vigne se réveille – Photo: Alec Bol – Vin de Liège

La sève remonte et s’écoule par les plaies causées par la dernière taille d’hiver. Ces pleurs constituent la première manifestation de la reprise d’une vie active de la vigne.

La vigne se réveille lentement et son activité reste faible jusqu’au débourrement, moment où les bourgeons s’ouvrent et se développent.

En mars, le bourgeon est encore dans le coton, la sortie des feuilles débutera le mois suivant seulement.  C’est également le cas des arbres et des arbustes, pas uniquement de la vigne. Le gel est une redoutable menace pour tous à cette période.

Un nouveau cycle végétatif démarre en mars-avril, selon les régions, et durera jusqu’à la mi-novembre où redémarre un nouveau cycle hivernal durant lequel la vigne se repose. Ainsi va la vigne…

Carton plein pour « Trinquons local ! »

Franc succès pour la campagne de l’APAQ-W, « Trinquons local » qui, pour cause évidente de pandémie, a dû se dérouler en mode virtuel et non directement chez les producteurs wallons de boissons comme cela se faisait depuis plusieurs années.

Du 15 novembre au 15 décembre, l’APAQ-W a diffusé des dizaines de séquences filmées de 60 à 90 secondes présentant les brasseries, vignobles et distilleries de Wallonie qui en sont membres et mettant en scène les deux Ambassadeurs de l’Agence, Sandrine Dans et Eric Boschman, qui avaient l’air de bien s’amuser…

Diffusées sur le site internet « trinquonslocal.be » (près de 25.000 visiteurs uniques en un mois), sur une chaîne Youtube dédiée et sur diverses pages Facebook, dont celles des deux animateurs, ces « capsules vidéo » ont créé une audience de plusieurs centaines de milliers de personnes.

Photo: Apaq-W

« Cet événement », commente Philippe Mattart, Directeur général de l’APAQ-W, « a apporté une véritable visibilité aux boissons wallonnes, et en particulier aux vins dont le niveau de qualité ne cesse de monter depuis presque 20 ans.

Nous devons renforcer la place des vins locaux, sachant que leur compétitivité n’est évidemment pas basée sur leur prix mais sur leur qualité et leur spécificité. Nous ne devons pas chercher à imiter les vins français ou italiens, mais bien valoriser des vins qui représentent vraiment leur terroir et que l’on peut servir avec des plats de la gastronomie wallonne. »

Au sein de l’APAQ-W, Françoise Dargent, en charge du secteur vins, se réjouit elle aussi du succès de l’action. « Suite à la campagne, confie-t-elle, 45 producteurs des 3 secteurs confondus ont souhaité s’affilier à l’Agence et participer à la campagne 2021 que nous commençons déjà à organiser. Nous allons égaelement pérenniser le site et continuer à l’étoffer tout au long de l’année. »

Plus d’infos : trinquonslocal.be

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Célébrons saint Vincent, le patron des vignerons et des marchands de vin

Le 22 janvier est le jour où l’on célèbre saint Vincent, martyr espagnol considéré comme le saint patron des vignerons. Mais qui était-il ?

Né à la fin du IIIe siècle à Huesca, petit village espagnol dans l’Aragon, Vincent Palotti devint rapidement diacre de l’évêque de Saragosse, c’est-à-dire son assistant. Les Chrétiens à l’époque ne représentent que 4 à 5% de la population occidentale qui était largement polythéiste et étaient pourchassés à travers tout l’Empire romain.

En 303, le proconsul et gouverneur de la province de Valence Dacien était connu pour exécuter avec zèle et cruauté les ordres de l’empereur Dioclétien. Un de ses premiers actes fut de condamner l’évêque Valère à l’exil et son diacre Vincent à la torture. La légende veut que celui-ci garda un calme inaltérable tout au long de son martyr avant de mourir le 22 janvier 304.

Jusqu’ici, rien n’explique toutefois l’intérêt des travailleurs de la vigne et du vin pour ce personnage dont la vie fut très courte. Plusieurs versions expliquent ce choix.

Saint Vincent de Saragosse en prison avec sa pierre de meule au cou. Peinture à l’huile. Auteur anonyme, école de Francisco Ribalta (Wikipedia)

Tout d’abord, Vincent aurait été torturé sur un pressoir. Et le sang qui s’écoula à la place du vin prit rapidement force de symbole.

Ensuite, n’ayant pu le vaincre de son vivant, Dacien exposa sa dépouille en pleine campagne, et la fit jeter à la mer. Vincent apparut alors en vision à une femme qui indiqua la position de sa dépouille. Selon les sources, ses restes auraient été alors transférés à Saint-Benoît-du-Castre en 855 et à la Cathédrale de Lisbonne (Sé) en 1173.

Sa Passion, un bien joli nom pour exprimer la souffrance, fut rapportée par plusieurs auteurs, dont saint-Augustin. Ce n’est qu’après le XVIe siècle que  saint Vincent de Saragosse fut réputé patron des vignerons.

D’autres sens

D’autres jeux de mots peuvent expliquer ce choix également. Outre que le diacre était généralement chargé de servir à table (Vincent pourrait donc être relié au service du vin ?), plusieurs jeux de mots sont liés à son nom: Vin-cent qui multiplie le vin par 100 ou Vin-sang de la vigne ou des raisins.

Pour d’autres, un miracle serait à l’origine de ce choix. On raconte en effet que Vincent démasqua le tenancier d’un estaminet peu scrupuleux qui mêlait de l’eau à son vin en faisant couler le liquide sur sa tunique pour séparer les deux éléments.

Enfin, plus proche de nous et de la viticulture, la date du 22 janvier coïncide surtout avec un moment capital du cycle végétatif de la vigne avec la sortie progressive de dormance (voir notre article sur le sujet).

La crypte archéologique de la prison de San Vicente Mártire à Valencia – Creative Commons 2.0/Joan Banjo

A Huy, la Saint-Vincent est fêtée depuis le XIIIe siècle. Une messe fut célébrée chaque année jusqu’à la Seconde Guerre mondiale en l’église Saint-Pierre. Une fois l’office terminé, les vignerons, portant leur Patron, partaient en procession à travers les vignobles, ornés de mâts, d’oriflammes et de banderoles aux couleurs de leur métier.

Cette célébration fut abandonnée, faute de vignerons, et reprit en 1983 en l’église de Statte.

Notons également la création en 1965 de l’association « Les Cordeliers de Saint-Vincent » (LIEN http://www.lescordeliersdestvincent.be/ ) et en 1975 de la confrérie de l’Ordre de Saint-Vincent à Jambes qui gère notamment le petit Clos de Vigneroule (12 ares) et qui s’efforce de faire revivre le passé viticole de la commune.

Diverses manifestations ont lieu chaque année dans de nombreux villages de Wallonie, comme à Bioul où depuis 2012, une fête est organisée après la messe donnée dans l’église située juste à côté du Château.

La plus importante manifestation de Wallonie est menée en deux étapes : tout d’abord une fête le dernier samedi de janvier au Vignoble de Villers-la-Vigne, puis le week-end suivant à Torgny, avec, notamment, la venue d’un distillateur et la présence de nombreux vignerons wallons.

Inutile de préciser que tous les événements publics de ce début d’année sont hélas annulés. A moins d’un miracle de… saint Vincent.

Marc Vanel

 

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Carton plein pour « Trinquons local ! »

 

 

Faites sauter le « Brut de Brabant »! Les premières bouteilles du Domaine W sont prometteuses… RTBF

Dans l’émission Les Ambassadeurs de ce 1er  janvier 2021…

C’est un rêve de reconversion agricole qui se concrétise !

Le Domaine W a distribué ses premières bouteilles de  » Brut de Brabant  » à Saintes, près de Tubize. Rappelez-vous, nous y étions en juillet 2020, lors de notre émission  » agritouristique  » de Ferme en Ferme…

 

C’est un rêve de bulles qui se réalise…

Les rêveurs sont Sophie Wautier et Dimitri Vander Heyden, qui ont imaginé de produire un vin pétillant selon la méthode champenoise traditionnelle, certifiée  » bio « .

La superbe ferme brabançonne familiale a vu naître le projet, pas à pas, ou plutôt pied de vigne après pied de vigne, plantés par leurs soins attentifs sur un terroir unique, respectueux de l’environnement, le vignoble est entouré d’arbres et d’arbustes, de prés fleuris, de ruches… C’est ce que l’on appelle travailler en biodynamie.

 

 

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Une avenue prometteuse pour la Méthode Champenoise Brut de Brabant ! © Pascale Baidak RTBF
Les Vignes du Domaine W © Pascale Baidak RTBF
Sophie et Dimitri et leur cuvée Brut de Brabant © Pascale Baidak RTBF

Un financement participatif a porté nos deux rêveurs et aujourd’hui, ce « Club w » est privilégié !

L’opération avait été lancée sur l’idée de faire participer toute personne motivée. Ces curieux, ces audacieux se sont engagés financièrement et pratiquement, ils ont été fédérés en membres du Club W. Ainsi, tout au long de l’année, ils peuvent venir dans  » leurs  » vignes, pour les entretenir.  C’est une façon originale de partager une passion et de savourer ensemble le résultat…

Les membres sont donc à présent les premiers servis. La distribution et la dégustation ont eu lieu la semaine dernière et ils ont récupéré leur participation en bouteilles… Ils peuvent aussi accéder gratuitement à une série d’événements et d’ateliers autour du vin. Rencontre, apprentissage et détente sont toujours de la partie…

 

Et voilà, la première cuvée de  » Brut de Brabant  » est aujourd’hui saluée par les experts! (Sophie et Dimitri)

La distribution et la dégustation ont donc eu lieu la semaine dernière…

Notre petit doigt nous dit que les tests sur l’année 2019 sont très prometteurs… Rendez-vous donc l’an prochain…!